Après la révolution de 1830, l'ancienne abbaye de Saint-Laurent commence par héberger des troupes encore mal organisées de ce qui sera l'armée belge. En 1831, on y soigne les blessés du corps expéditionnaire français venu aider au maintien de l'indépendance belge. Et c'est en 1836 que le gouvernement de la nouvelle Belgique, via son ministère de la Guerre, rend officiellement au site son destin d'hôpital militaire.

Grâce à la générosité du comte Emile d'Oultremont, sensibilisé à cette affaire par sa soeur la baronne du Bois de Nevele, un couvent et une chapelle sont construits rue Saint-Laurent, sur un terrain adjacent à l'hôpital militaire. Ces bâtiments deviennent la maison-mère de la congrégation des Sœurs hospitalières de Saint-Augustin

En 1839, des religieuses augustines de l'Hôtel-Dieu de Paris viennent y servir à la demande de la reine Louise Marie d'Orléans (épouse de notre premier roi Léopold).

Vues de l'hôpital militaire (1) et des activités houillères toutes proches (2) dans la première moitié du XIXème siècle:

Lithographie de W. Gauci, Londres, 1838 (depuis le charbonnage de la Haye, sur les hauteurs de Saint-Gilles).

Lithographie de Dagobert, Liège, 1839.

Au cours du XIXème siècle, la Belgique est frappée par trois grandes épidémies de choléra. Celle de l'été 1848 est particulièrement meurtrière: 22000 morts en Belgique, dont 5000 à Liège ! Au cours de ces mois terribles, les Sœurs hospitalières de l'hôpital militaire de Saint-Laurent font preuve d'un dévouement héroïque. Illustration d'époque représentant la « faucheuse » (le choléra) décimant les populations.

La « porterie » de l'hôpital militaire en 1870. En 1893, alors qu'on aménage de nouveaux bâtiments pour une caserne d'artillerie, le porche datant du XVème siècle est sauvé de la démolition grâce à une pétition populaire.

8 août 1914 : l'entrée des troupes allemandes place Saint-Lambert Le jour de l'entrée de l'ennemi à Liège, le cri « sauve qui peut » est lancé dans l'hôpital Saint-Laurent. Tous les malheureux blessés et malades oublient leurs maux pour essayer de se sauver.

Des médecins poursuivent néanmoins leur mission ; ils seront considérés comme des prisonniers, mais ils veulent continuer de soigner les hospitalisés qui n'ont pu fuir et les blessés qui arrivent de plus en plus nombreux. Les sept religieuses alors en service restent pour les aider.

Les forts installés sur les hauteurs de Liège résistent héroïquement, mais sont soumis à un pilonnage intensif de la part de l'artillerie ennemie.

Le 15 août, le fort de Loncin est violemment atteint ; les rescapés sont envoyés à l'hôpital Saint-Laurent. Quand « arrivent ces misérables aux cheveux crépus, aux mains et visages noircis, aux vêtements roussis, les Allemands les prennent pour des Sénégalais » (sic).

En novembre, le personnel médical reçoit son congé de l'autorité allemande. Les Sœurs hospitalières quittent Liège pour se rendre utiles là où les besoins s'en font sentir: à Dunkerque, où est amarré le navire-hôpital « Stad-Antwerpen »; à Ypres, où s'est déclarée une épidémie de typhus; puis à l'hôpital militaire belge établi à Saint-Pol, près de Calais, pour y soigner les soldats atteints eux aussi du typhus. L'une des plus jeunes succombera à la suite de son dévouement pour les malades.

En mai 1940, l'avance allemande est foudroyante. Dans la nuit du 10 au 11, un train spécial emporte vers Gand le personnel médical et sanitaire, les Sœurs hospitalières et les malades.

C'est la Croix Rouge qui gère désormais l'hôpital malgré l'occupation allemande : aide aux familles des soldats, des prisonniers de guerre, des victimes des bombardements...

Ce sont les Américains, en septembre 1944, qui libèrent Liège de l'occupation nazie.      Arrivée des troupes US rue Sainte-Marguerite, au pied du Publémont.

Les libérateurs installent à Saint-Laurent le « 15th General Hospital » de l'US Army.

Des locaux de l'école Saint-Laurent toute proche sont réquisitionnés comme centre de rapatriement pour héberger les prisonniers ramenés d'Allemagne au fur à et mesure de l'avance alliée.

Une salle d'étude de l'institut Saint-Laurent en 1944-45 : la paille jonchant le sol sert de litière aux prisonniers rapatriés

Le 24 novembre 1944, une bombe volante V1 souffle le bâtiment à rue. L'effondrement s'accompagna de l'incendie des réserves de la pharmacie. On déplore vingt-quatre tués.

La rue Saint-Laurent au début du XXème siècle.		Les dégâts occasionnés par le V1 en novembre 44.

Après la deuxième guerre mondiale, les bâtiments de l'ancienne abbaye continuent de servir d'hôpital militaire, sous le nom de « Quartier Lieutenant-Médecin Joncker », en mémoire d'un héros liégeois de la guerre 1914-18.

De 1948 à 53, ont lieu d'importants travaux de restauration, qui s'achèvent par le placement de grilles monumentales le long de la rue Saint-Laurent.

L'entrée dans les années 1950.		La même entrée en 2003.

Des Sœurs hospitalières assisteront
le personnel médical et infirmier jusqu'en 1976 :

Dans les années 1980, l'hôpital militaire Saint-Laurent ne ménage pas ses efforts pour rester un outil médical performant. En 1986, un montage audiovisuel, à l'occasion du 150ème anniversaire, retrace l'histoire des bâtiments et présente avec fierté les unités de soins : pharmacie, stomatologie, salles d'opération, traitements post-opératoires, physiothérapie, radiologie...

Voici la reproduction de quelques diapositives de ce montage :

Mais en 1990, à la suite d'une restructuration, l'hôpital se commue en simple polyclinique dépendant de l'HM de Bruxelles. Polyclinique qui sera elle-même dissoute en 1993.

A ce moment, le site est repris par la Force terrestre. Il abrite actuellement l'État-Major de la province de Liège, ainsi que le BLT (transports) et le 3 CRI (direction du 3ème Centre Régional de l'Infrastructure de l'armée.

Lors des grands travaux de rénovation de la fin des années 1990, l'abattage des arbres, dans les cours intérieures, a suscité d'intenses polémiques :

1986.		2006.