Les fastes de la Renaissance

En 1505, pour célébrer sa nomination, le prince-évêque Érard de la Marck choisit le séjour de l'abbaye de Saint-Laurent pour offrir un banquet à ses proches. Cet humaniste raffiné est considéré comme le promoteur de la Renaissance liégeoise.

 

Cette cheminée, aux armes d'Érard de la Marck, prince-évêque, et de Gérard van der Stappen, abbé de Saint-Laurent, ornait autrefois l'une des grandes salles de l'abbaye

Les moines de Saint-Laurent excellent dans bien des domaines. En 1507, Dom Jean Peecks décore la chapelle du château de Huy. Devenu abbé l'année suivante, il fait construire un nouveau logis abbatial, et son successeur, Dom Gérard van der Stappen (1520-1558) continue d'embellir et agrandir le monastère.

Dessin du XVIème siècle représentant l'abbaye du côté ville (« Chronique et Antiquités du Pays et Ville de Liége », château de Warfusée, collection du comte d'Oultremont).

Pendant l'abbatiat de Dom Gérard van der Stappen, Dom Pascase Berselius correspond avec Erasme ; Dom Jean de Jupille rédige la « Gesta Erardi de Marka » en éloge à son prince ; des chapelles sont consacrées à Kinkempois et Sainte-Agathe, et une brasserie est construite dans l'abbaye.

« Bethsabée au bain », pages enluminées extraites du livre d'heures de Gérard van der Stappen, abbé de Saint-Laurent au milieu du XVIème siècle


Les guerres de religion

Au XVIème siècle, la Belgique, à l'exception de la principauté de Liège, fait partie des Pays-Bas espagnols. C'est l'époque de la Réforme, quand les chrétiens se divisent entre catholiques et protestants. Le roi d'Espagne Philippe II, défenseur inconditionnel de l'Église traditionnelle, combat les dissidents avec une sombre énergie, vouant les hérétiques au bûcher avec l'aide la terrible Inquisition.

En 1568, l'armée du redoutable duc d'Albe, envoyée aux Pays-Bas pour réprimer l'essor du calvinisme, traque les « gueux » de Guillaume de Nassau. Ceux-ci, dans leur fuite, veulent franchir la Meuse en passant par le pont des Arches à Liège, mais ils se heurent au refus des Liégeois, dont ils assiègent la ville.

Gravure représentant le pont des Arches aux XVème et XVIème siècles.


Guillaume de Nassau installe son état-major dans l'abbaye de Saint-Laurent. Après trois jours, il renonce à son projet, mais ses soldats pillent et incendient le monastère. Seule la bibliothèque échappe au désastre.

Ce portail du début du XVème siècle est un des rares éléments architecturaux qui ont échappé à la destruction de 1568

Les moines trouvent un abri dans le château de Kinkempois, une résidence secondaire de l'abbaye.

Le château de Kinkempois au XVIIIème siècle (gravure de Remacle Le Loup).

Il s'agit de l'actuel château de Péralta à Angleur. L'abbaye de Saint-Laurent a acquis les lieux en 1457. Une pierre gravée orne le mur extérieur de la chapelle : « D. HENRICUS NATALIS ABBAS SANCTI LAURENTII 1566 ». L'année où l'abbé Henri Natalis a entrepris une rénovation complète du domaine.

Après tous ces événements dramatiques, c'est l'abbé Oger de Loncin (1586-1633), prélat de la Contre-Réforme, qui contribue activement au renouveau de l'abbaye de Saint-Laurent



Les Grignoux et les Chiroux

Le début du XVIIème siècle, à Liège, est marqué par la lutte entre les Grignoux, qui exigent davantage de libertés communales, et les Chiroux, qui veulent le renforcement de l'autorité du prince-évêque.

En 1649, le prince-évêque Ferdinand de Bavière fait appel aux troupes allemandes pour stopper la rébellion. La vie à l'abbaye de Saint-Laurent est troublée par les milices liégeoises et les bombardements occasionnés par les canons du général Otto von Spaar.

Dans les années 1650, pour mieux se protéger, l'abbaye se dote « d'un pavillon de guet sur les vignes, en Haute-Chevaufosse » (le haut de
l'actuelle rue Monulphe).

 

 

 

La tour de guet en 1887 (dessin à la plume de
L. Foller, Bibliothèque de l'Université de Liège) 



Le XVIIIème siècle

Sur cette vue de Liège au XVIIIème siècle (fragment d'un lavis de Remacle Le Loup pour une gravure des « Délices du Païs de Liége » de Saumery), on distingue parfaitement l'abbaye de Saint-Laurent :

Abbaye que voici dans toute sa splendeur au terme d'une période intense de reconstruction (gravure de Remacle Le Loup) :

Le lavis ci-dessous est attribué à Remacle Le Loup. Si l'on considère que les bâtiments, au fond, sont ceux de l'abbaye, et que les collines au lointain sont les hauteurs de Saint-Gilles, on peut imaginer que la végétation, à gauche, constitue l'emplacement où se trouve actuellement l'institut scolaire Saint-Laurent :


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