Pour
visiter les bâtiments historiques du quartier militaire Saint-Laurent,
je vous propose un parcours-découverte qui ressemble à
celui qu'organisent parfois les autorités militaires lors de
la Journée du Patrimoine de septembre.
La numérotation des titres correspond aux chiffres qui
figurent sur le plan ci-contre. |
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1.
Le portail du XVème siècle
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Carte
postale colorisée de la fin du XIXème siècle.
Ce
portail est le vestige architectural le plus ancien. Probablement
construit sous l'abbatiat de Henri delle Cheraux (1434-1459),
il a échappé à la destruction lors du sac
de l'abbaye, en 1568, par les hordes de « gueux »
de Guillaume de Nasau.
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Au
tout début du XXème siècle. |
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En
juillet 2006. |
Le
porche vu de la cour intérieure dans les années
1960. |
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En
juillet 2006. |
2. La Vierge de Dom Rupert
L'œuvre
visible à Saint-Laurent est une reproduction fidèle de
la sculpture connue sous l'appellation de « Vierge de Dom Rupert
», dont l'original est conservé au musée Curtius
de Liège. Elle représente la Sainte Vierge assise sur
un trône et allaitant son divin enfant.
La
copie encastrée dans un mur, dans le hall d'entrée
du bâtiment du génie.
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Il
s'agit d'un bas-relief de 92 cm sur 64, taillé dans du grès
houiller liégeois. Sur les bords, on peut lire cette inscription
(Ézéchiel, XLIV, 2):
«
Cette porte demeurera fermée, elle ne s'ouvrira pas et nul homme
n'y passera,
parce que le Seigneur Dieu d'Israël est entré par elle »
Au
départ, cette sculpture a probablement servi de retable d'autel.
Elle était alors richement polychromée et ornée
de dorures.
Si
on l'appelle la « Vierge de Dom Rupert », ce n'est pas en
rapport avec l'artiste qui l'a sculptée, mais du nom d'un jeune
homme recueilli au monastère à la fin du XIème
siècle, un jeune homme à l'esprit peu développé
qui devint un des moines les plus érudits de son temps après
avoir prié la mère de Jésus, à genoux devant
cette pierre (davantage de détails sur cette
légende dans les pages relatant l'histoire de l'abbaye).
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Dom
Rupert taillant sa plume pour écrire. Dessin du XIIème
siècle (Bibliothèque nationale de Munich).
Pendant
sept siècles, jusqu'à l'arrêt des activités
monastiques à la fin du XVIIIème siècle,
la pierre fut considéré comme miraculeuse; on
la vénérait afin d'obtenir le don d'intelligence.
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3.
Le bâtiment du Génie
Vu
de la cour intérieure (juillet 2006). |
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Vu
de la rue Saint-Laurent. |
Ce
bâtiment a été construit le long de la rue Saint-Laurent
entre 1904 et 1908, en remplacement d'anciennes écuries du XVIIIème
siècle.
Dans
la façade côté cour, une pierre porte le
blason de l'abbé Grégoire Lembore et le millésime
1720. Probablement une récupération lors de la
destruction du bâtiment préexistant.
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En
périphérie des parterres fleuris, on remarque des alignements
de colonnes. Celles-ci comportent des éléments originaux
provenant de la restauration des colonnades du palais des princes-évêques
de Liège.
Datant
du début du XVIème siècle, les colonnades
de la première cour du palais des princes-évêques
ont nécessité d'importantes réparations
dans la seconde moitié du XXème siècle.
Ce sont les fragments non réutilisables qu'on retrouve
dans ces colonnes reconstituées qui ornent la cour intérieure
du domaine militaire.
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4. Le bâtiment du Vivier
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C'est
sous sous l'abbatiat d'Oger de Loncin (blason de gauche) que ce
bâtiment destiné aux communs a été
achevé en 1618, comme en témoigne le millésime
figurant au sommet du pignon (côté de la rue Monulphe). |
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Trente
ans plus tard, en 1648, l'abbé Gérard de Sany modifiait
déjà les lieux. Dépenses inutiles. En 1649, lors
des luttes intestines entre Grignoux et Chiroux, des démocrates
liégeois se retranchèrent dans l'abbaye. L'artillerie
allemande, appelée à la rescousse par le prince-évêque
Ferdinant de Bavière, occupait les hauteurs de Saint-Gilles et
« donna furieusement » du canon, endommageant le bâtiment
du vivier.
Actuellement,
cette aile du domaine militaire abrite la direction du 3 CRI (3ème
Centre Régional de l'Infrastructure de l'armée).
Si on l'associe toujours au terme « vivier », c'est
parce qu'il existait autrefois, derrière le bâtiment,
du côté des actuelles rue Wazon et place Saint-Laurent,
une pièce d'eau qui constituait pour les moines une réserve
d'approvisionnement en poissons frais. |
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Le
jardin Emile Wiket (poète wallon 1879-1928), à
l'emplacement de l'ancien vivier.
La
façade calcaire qui donne sur cette petite plaine de
jeux était jadis aveugle; les fenêtres n'ont été
percées qu'au XIXème siècle.
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Le
vivier (on le devine en bas à droite) en 1735. |
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Le
carrefour Saint-Laurent
en 2006. |
Le haut
de la rue Monulphe en 1832 (peinture à l'huile anonyme,
Musée de l'Armée à Bruxelles)
Cette
tour, bâtie au XVIIème siècle et n'existant
plus de nos jours, servait de bastion, de gloriette et de vide-bouteilles.
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Le
même endroit en 2006. Les bâtiments rougeâtres
datent de 1962.
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5.
Le bâtiment de l'Abbé
Ce
bâtiment est ainsi appelé parce qu'il servait autrefois
de résidence à l'abbé dirigeant le monastère.
Le bâtiment de l'Abbé
dans les années 1960
et 80
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À
l'origine de style Renaissance mosane (XVIIème siècle),
l'édifice a été flanqué d'un avant-corps
Louis XIII au début du XVIIIème siècle, à
l'époque de l'abbé Grégoire Lembor, plus attaché
au luxe qu'aux règles bénédictines.
En
juillet 2006. |
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6.
L'aile droite des bâtiments conventuels
Le
parc intérieur situé devant la résidence abbatiale
est fermé, sur la gauche, par la façade sud-ouest des
anciens bâtiments conventuels. Le portail central et les travées
à sa droite ont été terminés en 1770,
le fronton portant les armes de l'abbé Grégoire Bicquet.
La partie gauche a été ajoutée en 1920 en respectant
le style de l'ensemble :
7.
Les bâtiments conventuels
Il
s'agit de l'ancien couvent proprement dit, là où vivaient
les moines. Ces bâtiments ont été construits de
1748 à 1770 par l'architecte liégeois Barthélemy
Digneffe. Il faut admirer l'homogénéité des façades,
dont le « U » délimite un parc enclos, le tout dans
un style Louis XIV/Régence :
Photo
extraite du livret-guide édité par le Ministère
de la Défense
lors de la journée du patrimoine de septembre 2003. |
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Ces
bâtiments sont les premiers que l'on découvre en entrant
par le corps de garde :
Au
milieu des années 1960. |
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En
juillet 2006. |
Voici
quelques photos intérieures :
Le
même endroit en juillet 2006, avec dans le couloir, la
maquette sous verre de l'ancienne abbaye
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Le
cloître dans les années 1960, à l'époque
de l'hôpital militaire, avec les bancs d'attente pour
les patients.
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Cette maquette représente l'abbaye àla fin du XVIIIème
siècle (veuillez excuser les reflets dus à la bulle
protectrice); elle est l'oeuvre du docteur Jean Kelecom, qui a
également rédigé la plaquette « Saint-Laurent
de Liège, mille ans de charité » à
l'occasion, en 1968, du millénaire de l'abbaye devenu hôpital
militaire.
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Une cérémonie militaire dans la salle d'honneur
à la fin des années 1980
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L'escalier
d'honneur de l'aile gauche, aux fer forgés de style
Louis XV.
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8. Les façades du côté ville
L'arrière
du bâtiment de l'abbé
vers 1880.. |
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L'arrière
du bâtiment conventuel principal dans les années
1960. |
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Ces
façades arrière n'ont guère subi de remaniement
depuis leur construction aux XVII et XVIIIème siècles.
On
découvrait autrefois, de l'esplanade qui s'étendait
devant elles, les collines verdoyantes qui descendaient vers
la ville. De nos jours, la vue est obstruée par les véhicules
militaires garés là et un bâtiment érigé
au début des années 1960 pour abriter l'école
des officiers du service de santé de l'armée.
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Ce
que l'on considère aujourd'hui comme l' « arrière
» n'était-il pas jadis la vitrine principale de l'abbaye,
que l'on pouvait admirer de la ville?
Ces
prestigieux bâtiments sont maintenant perdus dans l'ensemble urbain.
Voilà, par exemple, le panorama que l'on découvre de la
sortie autoroutière du quartier des Guillemins, avec le domaine
militaire Saint-Laurent (1) et la basilique Saint-Martin (2) :
9. Le mémorial aux victimes de 1944
En
novembre 1944, alors que le le « 15th General Hospital »
de l'US Army était installé à Saint-Laurent,
une bombe volante V1 détruisit une partie des bâtiments
à rue, tuant vingt-quatre personnes, dont vingt Américains.
Un
mémorial en l'honneur de ces victimes a été
érigé à l'aile gauche des anciens bâtiments
conventuels.
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Le
mémorial en 2006. |
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En
1964 (20ème anniversaire
de la catastrophe). |
10.
L'État-Major de la province
Ces
bâtiments à la fin des
années 1980. |
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Vingt
ans plus tard et quelques
arbres en moins. |
11. Le musée de l'Amicale des Anciens de l'Hôpital Militaire
Ce
musée occupe l'ancienne chapelle des Sœurs Hospitalières
de Saint-Augustin, religieuses ayant servi à l'hôpital
militaire de 1839 à 1976.
L'ancien
couvent de ces religieuses en 2006 (les façades cimentées). |
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La
chapelle devenue musée, vue de l'intérieur du domaine
militaire. |
Madame Simone Degandt, présidente de l'Amicale, directrice
du personnel infirmier lors de la fermeture de l'hôpital
militaire au début des années 1990
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Voici
quelques photos illustrant les pièces exposées :
Un
cabinet de consultation dans
les années 1950. |
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Du
matériel de pharmacie
de la même époque. |
Le
bureau du chef de corps dans
les années 1960. |
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Une
table d'autopsie. |
Ce
symbole du gril figure d'ailleurs à divers endroits des
bâtiments
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Une
reconstitution du gril qui symbolise le martyre de saint Laurent
au IIIème siècle.
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